dimanche 15 avril 2012

Erreur médicale : une association pour aider les victimes à se défendre

Elle a vu le jour en janvier dernier et compte une trentaine de membres dont les parents ont été victimes d’erreurs ou de négligences. Si le Code pénal sanctionne la négligence, il ne définit pas avec exactitude l’erreur médicale.
Les victimes des erreurs médicales ou supposées l’être ont enfin leur association. Elle a été créée il y a un mois pour défendre leurs intérêts, aider, éclairer et soutenir les victimes ou leurs ayants droit à faire prévaloir leurs droits. «Chacune des victimes souffrait seule, entamait sans aucun appui les démarches pour porter plainte devant les tribunaux, et souvent elle se heurtait à un mur de silence, notamment pour avoir accès en toute transparence au dossier médical. Il était temps que nous nous organisions pour dépasser ces difficultés», déclare, satisfait, Mohamed Himdi, président de l’association. 
Les trente personnes qui ont donné le coup d’envoi à cette association sont toutes des victimes ou parents de victimes d’erreurs médicales et plusieurs autres sont en train de se joindre à elles pour faire entendre leurs voix. La dernière en date est celle de S.H., le père d’un adolescent de 17 ans, que nous nommerons Khalid. Il était un brillant élève en sciences mathématiques. Sa maladie, la schizophrénie, a été diagnostiquée par plusieurs médecins spécialistes depuis longtemps et le malade suivait un traitement médical plutôt réussi. Un jour, le père entraîne son fils vers le cabinet d’un autre médecin que nombre d’amis lui avaient conseillé de consulter, pour essayer de voir plus clair, et pourquoi pas trouver un remède efficace. Son fils, c’est vrai, se porte mieux, mais l’espoir du père et qu’il ne soit pas sous traitement à vie. «Au bout de vingt minutes d’un tête-à-tête avec mon fils, le psychiatre donne son verdict : Khalid n’est pas schizophrène mais souffre d’un simple trouble de comportement, guérissable, selon le médecin, avec d’autres médicaments que ceux qu’il prenait», informe le père. Ce sera le début d’un calvaire pour la famille de Khalid. Le changement de traitement, après une petite rémission, produit chez le malade une grave rechute. Le garçon devient méconnaissable : il se détourne de ses études, s’enferme sur lui-même, ne mange plus et tente de se suicider. «Par téléphone, le nouveau médecin traitant nous recommande de l’emmener à l’hôpital psychiatrique Errazi de Salé», raconte le père. Plusieurs semaines plus tard, grâce aux nouveaux médicaments prescrits par les médecins de cet hôpital, le jeune malade a pu se rétablir et mener sa vie plus ou moins normalement. Le père ne veut pas en rester là, il considère expéditive et irresponsable la façon dont son fils a été traité par le nouveau médecin et veut absolument le poursuivre en justice pour réparer le préjudice subi. Il est mis en contact avec l’association pour entamer les démarches nécessaires. L’une des actions qu’entend mener le président de cette association est de contacter l’ordre des médecins, lors de chaque affaire d’erreur médicale, pour savoir si le médecin traitant a toutes les qualifications et tous ses diplômes nécessaires pour pratiquer. «Car on n’est pas sûr, vu le nombre d’erreurs et de personnes qui se plaignent, que ça soit le cas pour tous les praticiens de médecine», estime M. Himdi.

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